Comment notre pays en est arrivé là
Je me suis longtemps demandé comment la France avait pu adopter un système d'aides sociales aussi complexe et aberrant. Non que je sois opposé à un système d'aide, bien sûr, mais pas dans une telle mesure, ni avec une telle usine à gaz. Je pensais que ce système était typiquement français, mais j'ai appris il y a peu qu'il s'inscrivait dans une tendance plus générale. Récemment, en effet, je me suis rendu à Londres pour assister à un meeting qui s'est avéré plus intéressant que je ne l'avais imaginé. Si certaines interventions étaient loin d'être originales, un intervenant a montré que la répartition de la richesse se faisait en réalité sur la base du niveau de développement des pays. Pour résumer son propos, dans les sociétés où règne une pauvreté endémique, l’inégalité est assez faible. La population se trouvant dans l'ensemble dans la même condition de précarité, les disparités de revenus s'avèrent logiquement restreintes. Il faut que cette société s’enrichisse pour que l’inégalité puisse prendre son essor. Car lors de cette étape de développement fondatrice, le succès tient essentiellement dans l’accès à des ressources financières. Etant donné que ces ressources divergent sensiblement d'un individu à l'autre, l'enrichissement au sein de la société se fait lui aussi de façon très inégale. En somme, si la richesse globale croît très rapidement, chacun ne profite pas de cette manne à parts égales. La Chine, par exemple, est aujourd'hui dans ce cas de figure. Un changement important intervient cependant lorsque le pays atteint un certain niveau de revenus. Les citoyens, par l'entremise du vote, font comprendre que la répartition est un sujet important pour eux, ce qui conduit à en faire progressivement une priorité des politiques. A l'heure actuelle, les pays occidentaux sont en grande majorité dans cette période d’inégalité très faible. Si la plupart des interventions lors de ce meeting à Londres n'étaient pas fameuses, cet intervenant m'a quand même ravi avec son propos : il permettait de voir que la situation de la France est en fin de compte due à l'évolution de la société plus qu'à une simple démence locale. Je vous laisse le lien vers le site spécialiste de ce séminaire entreprise à Londres.
L’intelligence artificielle est pour les GAFA
IA : deux lettres qui peuvent représenter beaucoup d’argent. Aucun domaine de la tech n’est actuellement aussi brûlant que l’intelligence artificielle. L’investissement en capital-risque pour les neuf premiers mois de cette année s’élève à 7,6 milliards de dollars, selon l’agence de données Pitchbook. À comparer avec 2016 : 5,4 milliards. Pour l’année en cours, les fusions-acquisitions motivées par l’intelligence artificielle totalisent 21,3 milliards de dollars. C’est 26 fois plus qu’en 2015. De nos jours, les sociétés cotées en bourse citent plus fréquemment l’IA que le big data en communiquant sur leurs résultats. “De nos jours, les sociétés cotées en bourse citent plus fréquemment l’IA que le big data en communiquant sur leurs résultats” Au cœur de cette frénésie, on reconnaît des noms familiers : Alphabet-Google, Amazon, Apple, Facebook, et Microsoft. Une bataille similaire, quoique moins transparente, a lieu en Chine entre les groupes Alibaba et Baidu. La plupart ont mis l’IA au cœur de leur stratégie. Tous achètent avec enthousiasme des sociétés spécialistes de l’IA, souvent pour pouvoir mettre la main par ce biais sur les cerveaux qui y travaillent. Ils envisagent l’IA comme un moyen d’améliorer leurs services déjà existants, depuis l’informatique dans le cloud jusqu’à la logistique, et celui d’investir de nouveaux marchés comme celui des voitures autonomes ou de la réalité augmentée. De nombreux observateurs craignent que l’intelligence artificielle n’étouffe la concurrence en cimentant et en étendant encore le pouvoir de quelques géants. Les géants de la tech ont en effet de gros atouts dans la bataille pour développer l’IA. Ils possèdent des tonnes de données, de gigantesques capacités de calcul informatique et des armées d’experts – surtout en Chine, qui a l’intention de faire la course en tête. Certains sont inquiets et lancent un avertissement : imaginez un futur dans lequel vous serez véhiculé partout dans une voiture autonome Waymo (propriétaire : Alphabet, holding de Google), vous payerez tous vos achats par téléphone Android (développeur : Google), vous regardez YouTube (propriétaire : Google) pour vous détendre et vous ferez vos recherches sur le web via… devinez. Les marchés qui ne sont constitués que d’une poignée d’acteurs peuvent être aussi férocement concurrentiels. Un monde dans lequel les mêmes et rares noms règnent sur plusieurs secteurs peut toujours être positif pour les consommateurs. Mais si les utilisateurs dépendent des services d’un seul groupe, et si l’IA permet à ce groupe d’anticiper leurs besoins et d’adapter l’offre de façon toujours plus fine, il sera très fatigant de passer à la concurrence. “Imaginez un futur dans lequel vous serez véhiculé partout dans une voiture autonome Waymo (propriétaire : Alphabet, holding de Google), vous payerez tous vos achats par téléphone Android (développeur : Google), vous regardez YouTube (propriétaire : Google) pour vous détendre et vous ferez vos recherches sur le web via… devinez” Ce futur est encore lointain. Les programmes d’IA restent pour l’heure étroitement confinés. Et la suprématie des groupes existants et le maintien de leurs avantages concurrentiels sont moins évidents quand on se pose trois questions. La plus importante est de savoir si l’IA restera toujours dépendante de vastes quantités de données. Les machines actuelles sont en général formées en ingérant d’énormes masses de data, dans lesquelles elles peuvent reconnaître des tendances utiles. Par exemple, repérer des transactions financières frauduleuses. Si les données extraites du monde réel demeurent indispensables, les superstars de la tech ont le trèfle porte-bonheur. Ils possèdent d’énormes quantités de ce carburant, et en génèrent encore plus en investissant dans de nouveaux domaines, comme la santé.